Vendredi noir

December 2nd, 2008 § 0 comments

On vient sur ces côtes de passer Thanksgiving, fête politiquement problématique dû à ses origines coloniales, donc devenue prétexte anodin pour se réunir en famille. Rien de plus simple pour une fête ; on ne doit pas l’examiner de près, et l’on peut facilement imaginer de pire. À en juger par mes amis, les américains ne prennent plus au sérieux les fêtes, peu nombreuses, qui leur restent. Ou bien se peut-il que je ne sache plus m’enthousiasmer pour ces repères qui m’importent de moins en moins avec le temps. Il y a dix ans déjà David Mamet disait que les vraies fêtes américaines n’était que deux: le Superbowl et le jour du scrutin. Soit, cette année ce dernier nous avait donner de quoi nous réjouir, mais le rituel du football américain m’a exclu depuis enfance. La jeune nation est dynamique, se dit-on ; à force de s’inventer à plusieurs reprises, on court toujours après de nouveaux rituels, en quête de quelque chose de durable et de nourrissante, qui s’évide moins vite de son stock de sentiment (“We in America need ceremonies, is I suppose, sailor, the point of what I have written.”). On a l’impression, je ne sais comment, d’avoir épuisé les nôtres ; vu sous cet angle pessimiste le Thanksgiving n’est que la voie ouverte au délire de dépenses qu’entraine Noël commercial. Les magasins nous guettent, prêts à nous gober (pauvre con d’interimaire piétiné à Walmart!); dans leurs interminables galeries ornées de ceci et de cela on s’efforce de s’afficher un peu de gaieté, tout en se doutant de l’inanité du seul impératif qui semble nous rester, la consommation. Mais trève de marxisme simplet.

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